PES 2016 pourrait bien être le meilleur jeu de football jamais conçu.
Les évolutions de PES sont telles que je ne peux pas mettre l’accent sur un seul et unique changement qui ferait toute la différence. En effet, ce titre a été peaufiné et chacun des changements apporte un effet positif qui se s'ajoute aux autres. Cette année, PES s’est débarrassé des derniers restes de rigidité datant de l’époque PS2 et livre un jeu de football plus rapide, plus réactif et plus fluide. Je suis toujours un peu réticent quand il s’agit de faire des comparaisons directes avec FIFA – encore plus quand je n’ai joué qu’à la version démo du jeu de sport d’EA – car les deux jeux fonctionnent de manière radicalement différente. FIFA arrive vraiment à recréer l’allure du sport en question plus précisément, alors que PES est le titre qui apporte, finalement, le plus de sensations.
Tout d’abord, la physique est bien meilleure cette année. C’est évident quand les joueurs se bousculent pour la possession de la balle. Avant, le résultat était souvent binaire, succès ou échec, mais désormais ce n’est plus aussi prévisible. Le contexte est très important. En effet, tout dépend d’un certain nombre de facteurs qui prennent en compte le talent des joueurs concernés et leur position par rapport à la balle et à leur adversaire. Un tacle réussi et réalisé proprement est particulièrement agréable, d’autant qu’en cas de succès il montre à quel point vous savez lire le jeu de votre adversaire et anticiper l'action. D’ailleurs, les arbitres sont plus tolérants que dans la vie réelle : vous pouvez foncer violemment vers un adversaire, vous en débarrasser tout en récupérant le ballon et ça ne sera pas forcément considéré comme une faute. Dans le même ordre d’idée, si vous appuyez sur X à répétition en courant à côté d’un adversaire avec pour but de tenter un tacle instantané au lieu d’attendre le bon moment pour intervenir, alors vous devrez concéder un coup-franc.
Le jeu d’attaque a lui aussi été changé. C’est ici que vous vous rendrez compte pour la première fois des efforts de Konami pour rendre les joueurs uniques. N’importe qui avec un centre de gravité bas – comme Alexis Sanchez, Carlos Tevez et Sergio Arguero – est un plaisir à contrôler, car ces joueurs ont assez d’équilibre pour éviter les duels, trébuchant parfois lorsqu’ils sont gênés, mais ils luttent toujours pour rester debout.
Il y a une différence évidente entre ces joueurs et quelqu’un comme Raheem Sterling qui possède la vitesse d’un lévrier, mais dont la carrure plus fine le rend bien plus vulnérable en cas de duels. Vous pourrez obtenir un coup-franc de temps en temps si vous êtes rusé, mais si vous comptez utiliser sa rapidité, vous avez plutôt intérêt à faire des passes en profondeur qu’il réceptionnera aisément en sprintant. Les tirs sont eux aussi dépendants du contexte, et le type de tir varie d’un joueur à l’autre (Tevez en particulier a un canon à la place du pied droit). C’est d'ailleurs un régal de tirer un missile qui rebondit au ras du sol, passe sous le gardien et fait trembler les filets malgré une trop forte pression sur le bouton. A propos des gardiens, ils sont plus alertes et réactifs désormais, se précipitant le long du but pour repousser de la main des tirs qui rasent le sol et se relevant de suite pour se jeter sur le ballon qu’ils viennent tout juste de repousser.
L’idée de rendre chaque joueur vraiment unique ne s’arrête pas aux plus grosses stars, loin de là même. En tant que fan de Manchester City, j’ai naturellement été attiré par cette équipe pour mes premiers matchs. Je m’attendais à ce que Yaya Toure soit difficile à arrêter lorsqu’il galope vers les défenseurs et à ce qu’une passe en profondeur typique de David Silva soit un geste d’une perfection mesurée. Mais je fus ravi de constater que la ténacité de Pablo Zabaleta est parfaitement illustrée, tandis que les courses sur la gauche de Aleksandar Kolarov mènent inévitablement en une passe croisée, le tout à grande vitesse. Ça marche dans les deux sens, bien sûr : Vincent Kompany est peut-être impérial dans les airs, mais sa tendance à sauter pour essayer de gagner la balle rapidement peut être exploitée grâce à des tactiques astucieuses. Un de mes adversaires a su utiliser cela à son avantage en trouvant régulièrement des trous dans ma défense jusqu’à ce que j’applique des changements pour la resserrer. Comme dans le jeu de l’année dernière certains joueurs sont vraiment sur-puissants. Mais c’est aussi le cas dans la vie réelle : Cristiano Ronaldo et Lionel Messi sont quasiment intouchables, et c’est à vous de trouver une façon de les gérer, que ça soit grâce à un marquage doublé, à des interceptions bien anticipées, ou même au moyen de fautes tactiques.
La conséquence de cela est que la gestion du jeu est plus cruciale que jamais. Les remplacements et les changements de formation peuvent faire toute la différence dans une lutte serrée. Faire entrer un ailier difficile à gérer dans les 15 dernières minutes face à une défense fatiguée, par exemple, peut être très efficace. Lors d’une occasion comme celle-là, j’ai fait entrer Franck Ribery pour tourmenter la défense du Borussia Dortmund : durant les minutes qui suivirent, un carton rouge et un but (contre sans camp) changèrent l’issue du match.
Le mouvement de vos coéquipiers, quant à lui, est sensationnel. Si vous avez une ligne de défense qui aime avancer, vous verrez souvent des défenseurs se rapprocher de la ligne de touche devant vos ailiers en faisant des appels pour recevoir la balle. Perdez la balle dans cette situation et vous vous retrouverez très exposé. Vous pouvez les maîtriser en bricolant un peu les tactiques, bien que ça ne soit pas toujours sage d’ignorer les points forts d’un joueur quand vous pouvez ajuster votre formation.
Il n’y a jamais besoin de se rappeler des combinaisons de boutons élaborées pour accomplir vos buts. PES simplifie tout de manière subtile, sans jamais vous donnez l’impression que vous ne contrôlez pas tout. Parfois, vous utiliserez des mouvements rapides et des enjambées pour trouver un adversaire ; parfois, vous aurez simplement besoin d’un changement de rythme soudain pour ouvrir le jeu. Il y a un peu d’automatisation et c’est pourtant parfaitement calibré : vous pourrez ne pas être directement responsable du minuscule saut qui vous permet de gagner le duel dans un dernier effort, mais vous aurez l’impression que c’est votre propre maîtrise qui vous a permis d’arriver jusqu’ici en premier lieu. Un pas de plus vers le défenseur et il vous aurait sûrement piqué la balle, après tout.
En dehors du terrain, les menus sont bien plus faciles d’utilisation avec la possibilité d’attacher vos types de parties favoris à l’écran d’accueil tandis que la ligue des Masters a subi un remaniement complet de l’interface qui rend l’un des meilleurs modes carrière du genre encore plus satisfaisant. Je ne vais pas faire la liste des licences qui sont disponibles et de celles qui ne le sont pas, étant donné que vous pouvez aisément trouver ces informations ailleurs. De plus, il est clair que, bien que Konami essaie toujours d’en obtenir autant que possible, c’est là un domaine où FIFA aura toujours l’avantage. Cela dit, cette année, les propriétaires de PS4 pourront utiliser les fichiers d’option et vous devriez bientôt pouvoir importer des listes précises d’équipes, des kits, des noms et plus encore.
Si Konami a réussi une belle alchimie sur le terrain, il reste encore du travail en ce qui concerne les commentateurs. L’exubérant Peter Drudy remplace parfaitement Jon Champion, mais il ne se modère pas assez. Du coup, il fait preuve de la même exaltation et de la même joie sur tous les types de buts, spectaculaires ou non. Le contraste avec l’impassible Jim Beglin est d'ailleurs particulièrement saisissant.
Avec les serveurs désormais en ligne, j’ai pu voir si le netcode de PES 2016 tenait la route, et pour l’instant, c’est très prometteur. J’ai eu plusieurs légers ralentissements pendant certaines parties, mais bizarrement cela semblait toujours arriver à des moments peu importants. Il faudra un certain temps pour s’acclimater au jeu en ligne car l’accélération de la vitesse de jeu et la réactivité des joueurs permet de profiter de matchs compétitifs à la fois passionnants et serrés. Ne vous attendez pas à beaucoup de matchs nuls puisque j'ai déjà gagné (ou perdu) des parties allants de un à sept buts d'écart.
Le mode Mon Club, quant à lui, a bénéficié d’un certain nombre de changements qui permet de plus impliquer le joueur. En effet, le système de progression est plus efficace et les joueurs gagneront de l’expérience supplémentaire en se liant leurs entraineurs. De plus, si des affinités se forment, vous gagnez un bonus d’expérience. Si lors de sa première édition Mon Club semblait être une timide tentative pour attirer les fans de FUT, il a aujourd’hui fait un pas en avant et pourrait éventuellement devenir une alternative vraiment intéressante.
Il est difficile de trouver des défauts à ce que Konami propose cette année. Je trouve qu’il est trop tôt pour dire avec une confiance absolue que PES 2016 est le meilleur jeu de football jamais conçu. Historiquement, c’est lors des semaines et mois qui suivent la sortie qu’un jeu de football peut réellement trouver sa place dans le cœur et l’esprit de sa communauté. C’est à ce moment-là seulement que ses particularités peuvent être véritablement testées et ses nuances entièrement comprises. Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est que, la main sur le cœur, je ne me souviens pas avoir jamais été aussi ravi, surpris et conquis par un jeu de football auparavant.